Poème n* 5 Cerf avec les érables
Au fond de la montagne, se frayant un chemin à travers les feuilles d’érables, le cerf pousse un cri. Que l’automne est triste en l’entendant !
Sarumaru Taïfu
Qu’est-ce qu’un waka ?
Le
waka (和歌, « poème japonais ») regroupe un ensemble de plusieurs formes
de poésies traditionnelles japonaises depuis l’antiquité. Parmi les
formes les plus connues, le chūka (長歌, « poème long ») et le tanka (短歌,
« poème court »), seule cette dernière resta employée à l’aube de
l’époque de Heian. C’est pourquoi le terme waka désigne communément un
tanka depuis le septième siècle.
Le tanka est une forme poétique composée
d’un texte sans rime de trente-et-une mores réparties en cinq vers. Le
texte est construit en deux parties, la seconde venant conforter la
première. La première partie appelée kami-no-ku (上の句, « section haute »)
est un tercet suivant un rythme de 5-7-5 mores. La seconde partie
appelée shimo-no-ku (下の句, « section basse ») est un distique suivant un
rythme de 7-7 mores. Les thèmes de composition sont libres et variés :
décrire l’émotion ressentie à la vue d’un paysage, exprimer la douleur
d’aimer un être cher, parler de sentiments joyeux, etc.
En prenant pour exemple le tanka ci-contre on peut lire :
「動けずに 花火を見やる 傘の森」
「君の目になり 雨宿りする」
「君の目になり 雨宿りする」
[u-go-ke-zu-ni ha-na-bi-o-mi-ya-ru ka-sa-no-mo-ri]
[ki-mi-no-me-ni-na-ri a-ma-ya-do-ri-su-ru]
« Sans pouvoir bouger, on voit au loin
les feux d’artifices, dans une forêt de parapluies. Devenant tes yeux,
je cherche à nous abriter de la pluie. » - Jōji
On peut voir que ce poème est présenté
sur deux colonnes : la première correspondant au tercet avec trois vers
alignés (5-7-5), et la seconde correspondant au distique avec deux vers
alignés (7-7). Il existe différentes manières de présenter un poème
selon l’effet que l’on souhaite apporter. Le nom de l’auteur est inscrit
à la fin en bas à gauche.
L’époque de Nara marqua l’accomplissement de la forme waka. Vers l’an 780, Ōtomo no Yakamochi qui compila l’anthologie du Man’yōshū
(万葉集, « recueil de dix-mille feuilles »), inclut environ 4 500 poèmes
venant d’empereurs, de fonctionnaires de bas rangs et même de paysans.
Durant l’époque de Heian qui suivit, les nobles qui avaient des
connaissances en poésie participèrent au développement du waka. De plus
lors d’un amour naissant, les personnes concernées s’échangèrent des
poèmes d’amours ce qui a contribué à leur croissance.
À travers les âges, les poètes avaient des avis différents sur la définition d’un poème de qualité. Selon Fujiwara no Teika, l’auteur du Hyakunin isshu, un tanka devrait respecter les principes suivants :
- Un tanka doit être composé avec cœur
- Chaque mot pris un par un n’est ni bon ni mauvais
- Choisir les mots en fonction de leur enchainement
- Se servir de modèles parmi les poèmes d’autrefois
- Privilégier le sens des mots plutôt que la qualité générale
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