Guy Goffette, 71 ans le 17 04 . Une poésie tendue, écartelée entre la perte et la consolation, une poésie de rupture, résolument universelle.
(LM LEVY La Cause Littéraire) Tant de chosesTu as laissé dans l'herbe et dans la boue tout un hiver souffrir le beau parasol rouge et rouiller ses arêtes, laissé la bise abattre la maison des oiseauxsans desserrer les dents, à l'abandon laissé les parterres de roses et sans soin le pommier qui arrondit la terre.
Par indigence ou distraction tu as laissétant de choses mourir autour de toi qu'il ne te reste plus pour reposer tes yeux qu'un courant d'air dans ta propre maison — et tu t'étonnes encore, tu t'étonnesque le froid te saisisse au bras même de l'été.
Il y a des douleurs
Qu’on n’ose pas écrire
Tout comme un blasphème
Qu’on n’ose pas dire
L’orgueil fait rempart,
Dignité oblige
On ne peut hurler
. . . Alors on soupireDes peines confinées
Qui se refusent au partage
Et les mots frileux
A la vue des pages
Une larme réticente,
S’accrochant aux cils
Pour en vain, prétendre
Avoir du courageIl est des moments
Où seul le silence
Sait si bien décrire
Nos peines et souffrances
Le cœur qui gémit,
L’âme en désarroi
On entend la voix
Patience . . . patienceIl y a aussi des jours
Où l’on est plus rien
Où l’on est tout seul
Même parmi les siens
Où on fait aller
Bien que tout va mal
En simule le sourire
On leur dit qu’on va bienOn se dit que ça passera
Et on l’espère bienAzifer 12/04/2016
Fb
Benjamin FONDANE - Encore une journée qui s'en va !
Encore une journée qui s’en va comme un sac de farine,
Moulin du temps vermoulu où s’entassent les sacs,
les sacs des jours dont la farine est rance,
les roues n’ont guère fini de briser l’eau revêche,
la longue, l’obstinée résistance de l’eau
qui se jette sur le peigne des roues,
fouette le mouvement,
et surveille la longue et lente destruction
amorcée à l’aurore perfide du chaos.
Encore une journée qui s’en va, sous l’oeil des araignées.
Je sens que je devrais m’opposer à sa fuite,
que je devrais entrer dans le conflit des forces,
empêcher cet horrible écoulement du temps,
sonner à toutes les portes,
appeler au secours les forces somnolentes,
faire gicler le sang qui dort sous l’habitude,
prendre une part vivante au drame qui se joue
et dont je suis l’enjeu –
être celui qui dit à l’eau qui coule : NON,
et point l’arbre passif qui pleure au bord des eaux,
fuyantes, du sommeil.
± 2018Laurence MillereauCésure de l'absence
Le vent pénètre la pièce pleine de livres
Soulève les pages closes d'oubli
Puis la lumière envahit la chambre
Sous le palmier les amaryllis rouges
Que ce fut une belle vie
Parée et nue comme cyprès.Laurence Millereau
Césure de l'AbsenceMouvement
Les lettres affleurent
Et courent sur le clavier
Poursuite d'un rêve eveillé
Puis au seuil du temps
Revenu
Trouver l'alchimie des mots
Leur fusion et l'espace ténu
Qui les lie, les délie,Laurence Millereau
L'écriture à fleur de rêve
L'esprit s'éveille
Dans l'encre des désirs
Jetés là comme sur les draps
Et l'amour en votre absence
Se réveille et danse
Sue le papier .
L'écriture est trace de désert
Dans la rumeur du jour .Césure de l'absence ---Dans la vallée tout est givre
Comme un velours sur l'herbe
Et les arbres sont sculptures
Acérées que la lumière
Saisit à travers son prisme
Les forêts feutrées de neige
Et pareilles au cathédrales
Lais…
Nocturne d'une nostalgie
"rôdeuse
oh rôdeuse
à petits pas de cicatrice mal fermée
à petites pauses d’oiseau inquiet
sur un dos de zébu
nuit sac et ressac
à petits glissements de boutre
à petites saccades de pirogue
sous ma noire traction à petits pas d’une goutte de lait
sac voleur de cave
ressac voleur d’enfant
à petite lampe de marais
ainsi toute nuit toute nuit
des côtes d’Assinie des côtes d’Assinie
le couteau ramène sommaire
toujours
et très violent."
Aimé Césaire - Ferrements. 1960
Temps gris à pluie
Hantise des coiffeurs
Avez-vous un parapluie
Mais oui mais oui
Dans mon sac à main
Voyons...
Sous ce sac à provisions
Ce portefeuille
Ces lettres à poster
Ces revues ce recueil
Ce... Ah il ne pleut plus
Au revoir ! "Gabrielle Burel
1/4/17
Roberto Juarroz – L’impossibilité de vivre (in XIVème verticale)
L’impossibilité de vivre
se glisse en nous au début
comme un caillou dans la chaussure :
on le retire et on l’oublie.
Ensuite arrive une pierre plus grande
qui n’est plus déjà dans la chaussure :
le premier ou le dernier malentendu
se mêle à l’amour ou au doute.
Viennent après d’autres échecs :
la perte d’un mot,
la sauvage irruption d’une douleur,
une mort sur le chemin,
la chute d’une feuille sur notre solitude,
la vieillesse qui s’annonce
comme un soir écorché par la pluie.
Nous émergeons de tout
avec un tremblement qui dissout la confiance.
La lune pâlit,
nous commençons à nous méfier du soleil.JUARROZ : 15ème verticale (extraits)Le jour où sans le savoir
nous faisons une chose pour la dernière fois
- regarder une étoile,
passer une porte,
aimer quelqu'un,
écouter une voix -
si quelque chose nous prévenait
que jamais nous n'allons la refaire,
la vie probablement s'arrêterait
comme un pa…