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Affichage des articles du mai, 2016

4 poèmes ~ Gabrielle Burel dans Lichen n°4

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Léon DIERX 1838 1912

Le Vieux Solitaire Je suis tel qu’un ponton sans vergues et sans mâts, Aventureux débris des trombes tropicales, Et qui flotte, roulant des lingots dans ses cales, Sur une mer sans borne et sous de froids climats.   Les vents sifflaient jadis dans ses mille poulies. Vaisseau désemparé qui ne gouverne plus, Il roule, vain jouet du flux et du reflux, L’ancien explorateur des vertes Australies !   Il ne lui reste plus un seul des matelots Qui chantaient sur la hune en dépliant la toile. Aucun phare n’allume au loin sa rouge étoile ; Il tangue, abandonné tout seul sur les grands flots.   La mer autour de lui se soulève et le roule, Et chaque lame arrache une poutre à ses flancs ; Et les monstres marins suivent de leurs yeux blancs Les mirages confus du cuivre sous la houle.    Il flotte, épave inerte, au gré des flots houleux, Dédaigné des croiseurs aux bonnettes tendues, La coque lourde encor de richesses perdues, De trésors dérobés aux pays fabuleux.   Tel je s

Réflexion... Victor Hugo

De certaines pensées sont des prières. Il y a des moments où, quelle que soit l'attitude du corps, l'âme est à genoux. Victor Hugo - Les Misérables http://www.livresse.com/Livres-enligne/lesmiserables/040504.shtml

René Char 1907 1988

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Matin ~ Gabrielle Burel

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Matin Un bouquet devant la fenêtre Un livre ouvert sur la table en bois Le café patiente Gabrielle Burel 25/05/216

Tristan Corbière

SOUS UN PORTRAIT DE L'AUTEUR Jeune philosophe en dérive Revenu sans avoir été, Coeur de poète mal planté : Pourquoi voulez-vous que je vive ? L'amour ! je l'ai rêvé, mon coeur au grand ouvert Bat comme un volet en pantenne Habité par la froide haleine Des plus bizarres courants d'air ; Qui voudrait s'y jeter ? pas moi si j'étais ELLE ! Va te coucher, mon coeur, et ne bats plus de l'aile. J'aurais voulu souffrir et mourir d'une femme, M'ouvrir du haut en bas et lui donner en flamme, Comme un punch, ce coeur-là, chaud sous le chaud soleil Alors je chanterais (faux comme de coutume) Et j'irais me coucher seul dans la trouble brume Eternité, néant, mort, sommeil, ou réveil. Ah si j'étais un peu compris ! Si par pitié Une femme pouvait me sourire à moitié, Je lui dirais : oh viens, ange qui me consoles !... ... Et je la conduirais à l'hospice des folles.  On m'a manqué ma vie !... une vie à peu près ; Savez-vous c

Francis JAMMES 1868 1938

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http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Poesie-Gallimard/Le-Deuil-des-primeveres Il va neiger... Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens de l'an dernier. Je me souviens de mes tristesses au coin du feu. Si l'on m'avait demandé : qu'est-ce ? J'aurais dit : laissez moi tranquille. Ce n'est rien. J'ai bien réfléchi, l'année avant, dans ma chambre, pendant que la neige lourde tombait dehors. J'ai réfléchi pour rien. A présent comme alors Je fume une pipe en bois avec un bout d'ambre. Ma vieille commode en chêne sent toujours bon. Mais moi j'étais bête parce que tant de choses ne pouvaient pas changer et que c'est une pose de vouloir chasser les choses que nous savons. Pourquoi donc pensons nous et parlons-nous ? C'est nos larmes et nos baisers, eux, ne parlent pas,[ drôle; et cependant nous les comprenons, et les pas d'un ami sont plus doux que de douces paroles. On a baptisé les étoiles sans

Réflexion ...Eternité

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Curiosus, l’autre salon des livres à Nantes

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Les Marins Xavier Grall

Les marins Les vieux de chez moi ont des îles dans les yeux Leurs mains crevassées par les chasses marines Et les veines éclatées de leurs pupilles bleues Portent les songes des frêles brigantines Les vieux de chez moi ont vaincu les récifs d'Irlande Retraités, usant les bancs au levant des chaumières Leurs dents mâchonnant des refrains de Marie-Galante Ils lorgnent l'horizon blanc des provendes hauturières Les vieux de chez moi sont fils de naufrageurs Leurs crânes pensifs roulent les trésors inouïs Des voiliers brisés dans les goémons rageurs Et luisent leurs regards comme des louis Les vieux de chez moi n'attendent rien de la vie Ils ont jeté les ans, le harpon et la nasse Mangé la cotriade et siroté l'eau-de-vie La mort peut les prendre, noire comme la pinasse Les vieux ne bougeront pas sur le banc fatigué Observant le port, le jardin, l'hortensia Ils diront simplement aux Jeannie, aux Maria « Adieu les belles, c'est le branle-bas » Et

Alda Merini 1931 2009

"J'aime la simplicité qu'accompagne l'humilité. J'aime ceux qui savent écouter le vent sur la peau, sentir les odeurs, en capturer l'âme. Parce que là est la vérité, là est la douceur, là est la sensibilité, là est encore l'amour." Alda Merini

Philippe Roberts Jones

PORTRAIT DU LIEU Jamais plus c'est toujours un chemin qui s'éprouve le rejet d'un oiseau recherche un autre envol, dans ce besoin d'ailleurs qui se heurte et se brise aux volets, aux façades, dédale d'un discours où l'argument se fuit au croisement des phrases tout est détour, la ville et son enfermement, poursuivi de rumeurs, travaillé par les chiens par le chuintement gras du passage d'autrui ; et le jour ne s'éteint que pour d'autres réveils la ville et c'est soi-même, en séquence, en délire, la rongeuse ou fantasque, la dérobée, la folle qui se nourrit d'excès et de quelques reliques, de vitrine en sous-œuvre, on fait ou fait valoir La recherche de l'autre est la floraison d'être toute phrase est gésine une vague à venir et sans terme certain à la croisée des sens elle est graine porteuse et selon la rencontre elle sera ce fruit et sa propre semence D'encre et d'horizon PHILIPPE ROBERTS-JONES

Charles Bukowski

"Nous allons tous mourir, chacun d’entre nous, quel cirque! Cela seul devrait nous faire aimer l’autre, mais ça ne fonctionne pas. Terrorisés et aplatis par des futilités, nous sommes dévorés par rien" Pour avoir du style, il faut s'ouvrir à l'autre. Pour avoir du style, il faut mettre sa peau sur la table. Le style, c'est l'homme nu. Le style, c'est l'homme seul perdu dans la foule. Charles Bukowski Un carnet taché de vin (Traduit par Alexandre et Gérard Guégan) Comprends moi. Je ne vis pas dans le monde ordinaire. J’ai ma folie, je vis dans une autre dimension, et je n’ai pas de temps pour les choses sans âme . Understand me. I’m not like an ordinary world. I have my madness, I live in another dimension and I do not have time for things that have no soul. Charles Buckowski "LE CŒUR RIANT" Ta vie c’est ta vie ne la laisse pas prendre des coups dans une moite soumission. guette. il y a des issues. il y a une lumière quelque part.

Sabine Sicaud 1913 1928

Le chemin de crève-coeur Un seul coeur ? Impossible Si c'est par lui qu'on souffre et que l'on est heureux. On dit : coeur douloureux, Coeur torturé, coeur en lambeaux - Puis : joyeux et léger comme un oiseau des Iles, Un coeur si grand, si lourd, si gros Qu'il n'y a plus de place Pour rien d'autre que lui dans notre corps humain. Puis évadé, baigné d'une grâce divine ? Un coeur si plein De tout le sang du monde et ne gardant la trace Que d'une cicatrice fine qui s'efface ? Impossible ! Il me faut plusieurs coeurs. Le même ne peut pas oublier dans la joie Tout ce qu'il a connu de détresse une fois - Une fois ou plusieurs, chaque fois pour toujours - Mon coeur se souviendrait qu'il fut un coeur trop lourd Et ne serait jamais un coeur neuf, sans patrie, Sans bagage à porter de vie en vie. (Sabine SICAUD (1913-1928)

David Bunel

DAVID BUNEL - TE LAISSERAIS TU FAIRE Te laisserais tu faire ? Cette cage hérissée Je pourrais te défaire, je porte en moi la clé . Comme le vent du désert, sur ton coeur pétrifié Amore pour te plaire, chaud je pourrais souffler Qu'il cesse de se taire une fois libéré . Te laisserais tu faire, saurais tu m'accepter ? Toi qui a tant souffert, je n'ai pas oublié Tous les souffles sincères à mon oreille avoués . Je ne suis de ce fer qui a tout abimé , Au sortir de l'Enfer, idem j'ai brûlé Oh sortir de l'hiver, forts d'une dualité Nos âmes seraient légères aux chemins partagés ...

PAUL NEUHUYS 1897 1984

 ART POÉTIQUE Écrire en vaut-il la peine Des mots, des mots Pourtant il ne faut pas dire: Hippocrène je ne boirai plus de ton eau. La poésie, je la rencontre parfois à l'improviste Elle est seule sous un saule et recoud ma vie déchirée. Écoute le son de la pluie dans les gouttières de zinc Aime les formes brèves et les couleurs vives Foin des natures mortes et des tableaux vivants Fous-toi de la rime Que la tour d'ivoire devienne une maison de verre et se brise Epitaphe: Encor qu'il naquit malhabile Il ne resta point immobile Et disparut chez les Kabyles D'un accident d'automobile.  PAUL NEUHUYS

Marcel Légaut 1900 1990

L'essentiel ne s'enseigne pas. Il se révèle à chacun dans l'intime comme une annonciation que murmure l'espérance. Nul ne le découvre qui déjà n'en porte secrètement en lui, et souvent dès la jeunesse, l'intuition majeure. Marcel Légaut

Anna Akhmatova 1889 1966

Les poèmes Ce sont des extraits d'insomnies, C'est le noir des bougies tordues, C'est au matin le premier son De blancs carillons par centaines... C'est la tiédeur d'un appui de fenêtre Sous la lune de Tchernigov, Ce sont des abeilles, c'est un mélilot, C'est la poussière, et l'ombre et la touffeur. Anna Akhmatova- Requiem : Poème sans héros et autres poèmes

Sagesse Birago Diop 1906 1989

 Sagesse Sans souvenirs, sans désirs et sans haine Je retournerai au pays, Dans les grandes nuits, dans leur chaude haleine Enterrer tous mes tourments vieillis. Sans souvenirs, sans désirs et sans haine. Je rassemblerai les lambeaux qui restent De ce que j’appelais jadis mon cœur Mon cœur qu’a meurtri chacun de vos gestes ; Et si tout n’est pas mort de sa douleur J’en rassemblerai les lambeaux qui restent. Dans le murmure infini de l’aurore Au gré de ses quatre Vents, alentour Je jetterai tout ce qui me dévore, Puis, sans rêves, je dormirai – toujours – Dans le murmure infini de l’aurore. Birago Diop -

La mer en poèmes

Robert Momeux - Paysages intérieurs Mourir près de la mer Qui ne sort pas de ses lumières Qui jette son sablier Dans les roues de la fortune

Bella Akhmadoulina 1937 2010

 INCANTATION Ne me pleurez pas, je saurai vivre en mendiante heureuse, en gentille bagnarde, en méridionale glacée par le climat nordique, en Pétersbourgeoise poitrinaire et méchante dans la malaria du sud je vivrai.

Christian Dotremont 1922 1979

Être ensemble Ma femme est un buisson vivant de moire la mer un grand drapeau tombé le feu est le rêve de l'arbre le vent un grand drapeau décoloré mais la guerre n'est pas la paix. Il ne suffit pas de parler à l'envers d'être langouste à longue langue pour que nous rêvions.

La poésie Robert Hamel

"La poésie ne court pas les tapis rouges. Elle a horreur du décorum. Elle ne porte pas de vêtements griffés. Elle s’offre rarement des grands crus et préfère la bière artisanale. Elle ne paie ni le loyer ni l’épicerie, et se divise trop souvent en castes. Elle ne craint pas les prises de becs. Elle a parfois l’égo surdimensionné et souvent les émotions à fleur de peau. Mais, malgré tous ses excès et son allure paumée, elle a le cœur grand et le sens de la fête. Elle est le théâtre d’amitiés profondes et singulières. Et elle adore s’aventurer hors des sentiers battus." Robert Hamel

Passe le temps ~ Gabrielle Burel

Passe le temps Passe le temps Passent les gens À la vitrine de nos amours Passent les mots Passent les vents Sur le silence lumineux Passent les rimes Passent les jours Sous la plume de nos écrits Passent les nuits Passe le rêve Gabrielle Burel

Jean Lahor 1840 1909

Toujours "Tout est mensonge : aime pourtant, Aime, rêve et désire encore ; Présente ton cœur palpitant À ces blessures qu'il adore.

4 poèmes ~ Gabrielle Burel sur Lichen n° 3

4 poèmes sur Revue Lichen n° 3 Mai 2016 http://lichen-poesie.blogspot.fr/p/sommaire-du-n-3.html

Poésie Carlo Bordini

POÉSIE, LA SEULE QUI DISE LA VÉRITÉ, PAR CARLO BORDINI. J’aime la poésie parce que lorsque j’écris je sais toujours d’où je pars, et je ne sais jamais où j’arrive. J’arrive toujours en territoires inconnus, et j’en sais plus après qu’avant. J’écris ce que je sais, mais je le sais pendant que je l’écris, et pour moi la poésie est toujours la source de continuelles révélations. C’est comme si, durant l’écriture, il y avait en moi de brusques ruptures de l’inconscient. En ce sens je suis assez convaincu que le mot précède la pensée, qu’il est un véhicule de la pensée. On n’écrit pas ce que l’on sait, mais on le sait après l’avoir écrit.