Desnos

Vaincre le jour, vaincre la nuit,
Vaincre le temps qui colle à moi,
Tout ce silence, tout ce bruit,
Ma faim, mon destin, mon horrible froid.

Vaincre ce cœur, le mettre à nu,
Écraser ce corps plein de fables
Pour le plonger dans l’inconnu,
Dans l’insensible, dans l’impénétrable.

Briser enfin, jeter au noir
Des égouts ces vieilles idoles,
Convertir la haine en espoir,
En de saintes les mauvaises paroles.

Mais mon temps n’est-il pas perdu ?
Tu m’as pris tout le sang, Paris.
À ton cou je suis ce pendu,
Ce libertaire qui pleure et qui rit.

DESNOS - Ce coeur qui haïssait la guerre

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DESNOS - LE SOUVENIR

M’étant par bonheur attardé,
En flânant dans les avenues,
À votre fenêtre accoudée
Je vous ai bien surprise nue,
Mais mon cœur était accordé.

Mais mon cœur était accordé
À des voix de très loin venues.
Le noir de l’ombre avait fardé
Les grands yeux blancs de la statue
Du carrefour où j’ai rodé.

Venant d’Arcueil ou de Passy
Un vent frais soufflait dans la rue :
Je suis passé, c’était ici
Et je vous ai surprise nue
Tachant de blanc la molle nuit.

Feuille morte des temps passés,
Fantôme une nuit apparue,
Beaux drapeaux au matin hissés,
Qu’êtes-vous belle devenue,
Dans Paris la ville pressée ?

Pressée de vivre et de flamber,
Impassible et bien vite émue,
De tant de nuits vite tombées,
Telle celle où vous étiez nue
À votre fenêtre accoudée.

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