Rainer Maria Rilke 1875 - 1926

L'Attente

C’est la vie au ralenti,
C’est le cœur à rebours,
C’est une espérance et demie :
Trop et trop peu à son tour.
C’est le train qui s’arrête en plein
Chemin sans nulle station
Et on entend le grillon
Et on contemple en vain
Penché à la portière,
D’un vent que l’on sent, agités
Les prés fleuris, les prés
Que l’arrêt rend imaginaires.
RILKE 1926 

Vergers

Notre avant-dernier mot
serait un mot de misère,
mais devant la conscience-mère
le tout dernier sera beau
Car il faudra qu'on résume
tous les efforts d'un désir
qu'aucun goût d'amertume
ne saurait contenir.
*
Un cygne avance sur l'eau
tout entouré de lui-même,
comme un glissant tableau ;
ainsi à certains instants
un être que l'on aime
est tout un espace mouvant.
Il se rapproche, doublé,
comme ce cygne qui nage,
sur notre âme troublée...
qui à cet être ajoute
la tremblante image
de bonheur et de doute.
*
Tous mes adieux sont faits. Tant de départs
m'ont lentement formés dès l'enfance.
Mais je reviens encor, je recommence,
ce franc retour libère mon regard.
Ce qui me reste, c'est de le remplir,
et ma joie toujours impénitente
d'avoir aimé des choses ressemblantes
à ces absences qui nous font agir.
RILKE

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