Mes micro nouvelles

Si l'homme et la nature se donnent la main …


Le bûcheron arrête son choix sur un frêne qui grandit bien droit, tout fier, mais trop près du sentier. Il gênera la progression des randonneurs à la recherche des bienfaits de la nature.
L'homme pose sa cognée au sol, manche contre le tronc, sort un mouchoir à carreaux pour s'éponger le front et le cou. Il calcule les angles nécessaires pour mener à bien son travail, sans abîmer la végétation environnante.

Quand il veut reprendre son outil, une branche happe sa main, la serre bien fort. C'est comme une poignée cordiale, à travers laquelle circulent les pensées et émotions du jeune arbre.
« Regarde-moi, entend résonner le bûcheron dans sa tête, vois comme je pousse bien, comme mon tronc est droit, comme mes branches sont fortes et mes feuille luxuriantes »
Cependant l'abatteur résiste, tout à sa mission : il doit délimiter un parcours agréable pour les citadins en mal de verdure et cela passe par quelques sacrifices.
Alors peu à peu l'homme sent sa main, puis son bras se lignifier, jusqu'à devenir lui-même un petit chêne trapu, joliment appuyé au svelte frêne, tandis que la hache s'enfonce dans la terre et que son bois se ramifie et se couvre de feuilles. Les oiseaux viendront nicher dans un creux qui ressemble à une bouche ouverte sur un cri étouffé.

Les promeneurs pourront admirer ce duo, symbole d'une belle amitié, sur un sentier qui forme une large boucle pour les laisser en paix. Sans se douter que petit à petit, sans faire de bruit, la nature reprend ses droits …

Gabrielle BUREL 05/04/2014
 http://www.falbalapat.com/pages/g.html


Neuf roses  

Jérémy sourit en achetant un bouquet de fleurs. Des roses rouges. C'est à son avis le seul symbole possible de la Saint Valentin, la preuve de son attachement, l'ambassadeur de son amour. Il hésite en passant devant un présentoir de chocolats fins enfermés dans des boîtes en forme de cœur. Il ne veut pas en faire trop, neuf roses suffiront. Dans la poche intérieure de sa veste se trouvent déjà les billets d’avion pour un week-end à Rome. Il a pu se libérer de ses obligations, son sac de voyage est dans le coffre. Il est ravi et fourmille de projets aussi fous les uns que les autres. À la démesure de ses sentiments pour Solène. Elle est si belle, si pertinente, ses lèvres sont si douces. Elle lui donne des ailes. Son cœur bat comme s'il allait à son premier rendez-vous.
Jérémy reprend sa voiture et passe prendre Solène chez elle. Il a réservé « leur » table dans le restaurant de fruits de mer, où ils avaient dîné le premier soir de leur histoire. Il réfléchit au bon moment pour présenter les billets, à l'apéritif ou peut-être au dessert. Il imagine les yeux de Solène s'agrandissant de surprise, son sourire rayonnant. Un week-end de rêve se prépare.
En s'engageant dans la rue où elle réside, il voit Solène qui l'attend devant chez elle. Sa gorge se serre et son cœur s'affole comme chaque fois qu'il l'aperçoit. Dès que Jérémy se gare, elle ouvre la portière, se penche vivement vers lui et, sans même l'embrasser, demande :

« As-tu parlé à ta femme ? »
Gabrielle BUREL 11/02/14
http://www.falbalapat.com/pages/gabrielle-burel-neuf-roses.html

Sauvegarde


Ah, je viens d'imprimer mes poèmes c'est cool
Avant j'écrivais sur des cahiers mais un soir de doute, j'ai tout brûlé
Puis sur un ordinateur qui a rendu l'âme
Alors j'ai enregistré les textes sur une clé qui s'est bloquée
Il m'en reste un peu sur le mémo du téléphone et aussi un envoi via gmail
Les voilà imprimés !
Je vais les enterrer au fond d'un jardin pour éviter la prochaine crise existentielle
Pas simple la vie d'artiste ^^


GB Sur FB 04/05/2014

Publication

Le poète souffre en regardant son texte enfin en ligne
Comment!? La chronologie n'est pas respectée, il manque des vers, l'alignement est différent, les strophes sont supprimées, les mots ont changé !
Bien sûr c'est ainsi plus clair, fluide, aéré même. Il se souvient avoir passé des heures en vain sur tel passage, qui sonne enfin joliment.
Le poète admire le travail accompli, la maîtrise du correcteur improvisé. Enfin, il le ferait pour tout autre poème, mais pas le sien ! Si ardemment construit et livré aux inconscients !
Son œuvre ! Bafouée, désacralisée !
Lue, certes, lue ; lue et appréciée, lue et commentée.
Son œuvre ! Quel merveilleux poème !

Gabrielle BUREL 03/01/2014

http://www.falbalapat.com/pages/gabrielle-burel-8.html 
Variations d'une plume 08/14

Corbeille
Clic
Aargh!
J' ai vidé la corbeille de mon ordinateur juste après y avoir jeté le premier chapitre de mon roman. Je le trouvais insipide. Pourtant maintenant, je suis sûre d'être face à une perte irrémédiable !
Comment me rappeler chaque mot, chaque tournure ? Et l'idée centrale si essentielle ?
Où est le temps béni où je pouvais me ruer sur la corbeille à papiers, la retourner prestement sur le tapis et chercher fébrilement la feuille froissée le matin, mais qui détenait soudain l'unique version acceptable de ma pensée?

Gabrielle BUREL 02/01/2014
http://www.falbalapat.com/blog/gabrielle-burel-pensees-d-auteur-2-corbeille.html 
Variations d'une plume : Pensée d'auteur 02/09/2014


Les aventures de Auguste LePoulet 1/5



Bien sûr, Auguste LePoulet, suffoqué, dut attendre d'avoir repris sa respiration avant d'entamer la traversée

Il aurait bien eu besoin d'un mandala protecteur, mais n'avait pas le temps d'aller le demander à Hibouvœu. Celui-ci habitait dans la complaisance éclose des pâquerettes à l'orée de la forêt.

Auguste LePoulet devait se rendre à l'évidence: il ne pouvait plus chanter dès proton-minet depuis que cet idiot de chat, poursuivi par Molosse Gardien, lui avait volé dans les plumes, l'expédiant par-dessus le dogue. L'atterrissage peu glorieux dans la mare, d'où les canards l'expulsèrent aussitôt, lui valut un caquetage sans fin de toute la basse-cour.

Pour ne pas perdre de sa superbe, il avait bien tenté une explication qui tienne à peu près la route, mais aucun son n'avait pu franchir sa gorge nouée. Depuis il était la risée des lieux! Il devait redevenir lui-même avant le Conseil des Sages prévu ce soir à minuit. Sinon il serait destitué et remplacé par l'un de ces bellâtres, jeunes coqs infatués qui se pavanaient déjà dans la cour devant SES poulettes.

Il avait pris sa décision dans le silence inhabituel du petit matin: il lui fallait retrouver sa voix ! C'est pourquoi il avait gagné l'embarcadère et attendu le bac pour l'île des Beautés, où coule une source miraculeuse qui a la réputation de rendre leur richesse originelle à tous ceux que les aléas de la vie abîment. Malheureusement, au moment de monter à bord, un troupeau de moutons avait déboulé, l'envoyant valser dans le fossé, et il avait raté le départ.

Auguste LePoulet tentait donc de reprendre son souffle avant de sauter sur une planche perdue par un transporteur de poulaillers en kit . En suivant le courant, il serait bientôt à destination. Aurait-il le temps de prendre la navette du retour pour arriver au Conseil avant minuit ?...
GB FB19/05/14
http://www.le-capital-des-mots.fr/2014/05/le-capital-des-mots-gabrielle-burel.html
Le Capital des Mots

Isa


Elle s'appelait Isa
Elle voulait des vacances
Rouge comme pivoine
Dans l' espérance
De nous voir l'accepter
Sans lui jeter nos dards

Elle s'appelait Isa
Toute en délicatesse
Avec constance
Ne voulait pas s'enraciner
Comme un vieux machin
Que le monde n'attend pas

Elle s'appelait Isa
Nous saluait bien bas
En postant chaque soir
Une carte postale
D'un des pays du Rêve
Où règne la sérénité
De ceux qui cherchent

Elle s'appelle Isa
C'est notre amie
Elle reviendra bientôt
Rouge pivoine
Se glisser parmi nous
Avec ses brassées
De mots savoureux

GB FB 10/05/14

Sextant

Le pigiste prit son rafiot
pour filer au large
vers des retrouvailles
improbables
avec le brouillon
de sa vie
Il n'avait plus peur
de délaisser l'herbier
qui restait au camp
loin de l'humidité
un brin salée
Il se sentait prêt
Pourtant le ressac
ne le laissant pas
faire le point
le ramena
près de la sentinelle
amarrée au port

GB FB 03/05/14


Philosophe


Je pianote sur la table mon impatience à me redresser sans faire craquer mes os, mon dos. J'ai l'intuition que mes jambes vont me lâcher et mes bras ne me portent plus. Je suis en vrac. Où est mon élixir de jeunesse, qui me jetait à la conquête du monde ?

Le Vermot que je suis à la lettre depuis le premier jour, (je ne vous dirai pas si c'est le sien ou le mien), tel l'archange veillant sur mes pas, transforme le nabot fripé que je suis en brute à l'inconscient rimailleur. Il va falloir que j'attaque la côté pour acheter cette boisson énergisante à base de raisin et sans étiquette, âpre au palais mais si douce au mental. Ensuite je suivrai le Philosophe jusqu'au soir, nous battrons ensemble la campagne en chantant le dithyrambe à qui mieux mieux. Et demain, demain, il faudra se lever
Gabrielle BUREL FB 06/04/2014

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