Armel GUERNE 1911~1980
Mentir la vie
Il neige de la mort sur les routes du monde
Il pleut sur l'eau des océans comme une pâte
Et le vent de la nuit sans le levain du deuil
Passe à travers avec indifférence
Et n'aérant nulle tristesse de son poids.
Les malheureux, déchirés du commencement
Qu'ils n'ont jamais connu, n'ont pas de fin non plus !
Armel GUERNE
Le poids vivant de la parole, (c) Solaire
La vague transversale
"C'est elle, vous la
connaissez sur les longues plages de l'océan; (la Méditerranée, en dépit
de son sel et de son étendue, a les mêmes humeurs, mais pas du tout le
même tempérament). - La puissante respiration de la houle du large vient
expirer sur le sable, immobile l'instant d'avant, qui redevient lui-même
comme un poumon après chaque poussée. La lame accourt en se gonflant,
s'aiguise sur sa crête, se verse et puis déferle en s'étalant avec le
bruissement un peu froissé d'un long soupir, doux et léger, qu'on perçoit
cependant déjà dans l'encore du grand fracas de l’eau cognant sur le
rivage. Un éventail qui s'ouvre en captant le soleil, une main qui
caresse, le coup preste de la baguette d'une fée qui maintient un instant,
lisse et fine, la pellicule d'eau comme un miroir vivant, étiré à
l'extrême, transparent au plus haut de la pente conquise. - Et là, dans le
moment d’hésitation du ressac suspendu, beaucoup plus faible mais
triomphant déjà de la faiblesse de la force lorsque tout bouge encore,
naît et se met à courir la vague transversale, presque terrestre, qui
semble balayer, ramasser, cueillir la mer épanouie, régner sur elle, rejeu
du jeu, la dominer elle qui ne vient de nulle part et que n'appuie aucun
passé, la minuscule, l'éphémère - visible à peine sur le fil de son
relief, juste comme un frisson, mais tout à coup unique et seule et tout à
coup puissante assez pour repousser le puissant océan toujours
inexplicable, oui, pour le reconduire en toute modestie et souverainement,
le ramener à ses profondeurs."
Le Poids vivant de la
Parole, Solaire, 1983http://www.moncelon.com/armelguerne.htm
LES PORTES DE LA GLOIRE
Non pas celle du monde, évidemment, mais l'autre
Dont il n'est pas un seul d'entre nous qui ne porte
Quoi qu'il en dise, au fond de soi le souvenir
Indestructible et l'espérance ineffaçable.
Ce n'est pas ce qu'on nie ou ce qu'on prétend croire
Qui éloigne ce qui est là : l'évidence est
Une invisible fleur de la lumière ouverte
Et de la nuit soudain dure comme un rocher.
Elle est tout près, ses portes s'ouvrent, s'ouvrent, sont
Comme encore jamais sur les gonds du désastre
Et le jeu des serrures de la catastrophe.
C'est la fin qui commande à tout commencement.
(OUVERTURE MYSTIQUE)
https://www.erudit.org/culture/liberte1026896/liberte1030000/30931ac.pdf
http://www.poemes.co/armel-guerne.html
http://www.juanasensio.com/archive/2014/11/12/le-verbe-nu-meditation-pour-la-fin-des-temps-d-armel-guerne.html
http://www.armelguerne.eu/
http://blogs.lexpress.fr/les-8-plumes/2013/10/30/armel-guerne-lame-insurgee-lame-du-romantisme-ou-la-veritable-indignation/
http://www.lmda.net/din2/n_egar.php?Eg=MAT03492
http://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/Armel-Guerne-dans-le-secret-de-la-poesie-2014-07-09-1176606
https://fr.wikipedia.org/wiki/Armel_Guerne
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