ROGER-ARNOULD RIVIERE (1930~1959) Poème de la cassure Je sais la cassure du petit matin, l’aplomb brutal de midi, la sournoise inversion du soir Je sais le vertigineux à-pic de la nuit et l’accablante horizontalité du jour Je sais les hauts et les bas, les hauts d’où l’on retombe à coup sûr, les bas dont on ne se relève pas Je sais que le chemin de la douleur n’a de stations qu’en nombre limité Je sais le souffle haché, le souffle coupé, l’haleine fétide, les effluves d’air cru et les émanations du gaz de ville Je sais les étreintes vides, la semence crachée par dépit sur la porcelaine Je sais la face du mot qui vous sera renvoyée comme une gifle Je sais que l’amitié et l’amour n’ont pas d’aubier Je sais que les amarres rompues, le cou brisé, la semelle usée ont pour commun dénominateur la corde Je sa...
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