Enquête : Quel(s) sens attribuez-vous encore à la fonction de l'écrivain ? Quels en sont les buts et les limites ?
Un extrait de l'émission Hommage à Pasolini
Quel(s) sens attribuez-vous encore à la fonction de l'écrivain ? Quels en sont les buts et les limites ?
Pier Paolo Pasolini :
Mais, aucun sens. C'est une chose dépourvue de sens. Je continue à être
écrivain par force d'inertie, par habitude. J'ai commencé à écrire des
poèmes à sept ans et demi, et je ne me suis pas demandé pourquoi je le
faisais. J'ai continué à écrire durant toute mon enfance, toute mon
adolescence, et me voici ici à écrire encore. L'unique sens possible est
existentialiste, c'est-à-dire l'habitude de s'exprimer, comme on a
l'habitude de manger, de dormir. Les limites sont les limites
linguistiques. Moi, en tant qu'écrivain italien, je suis très limité. Je
préférerais être un écrivain en langue swahili ; elle est parlée dans
12 pays, elle est parlée au Kenya, au Congo, en Tanzanie...
Les
buts ? Il y a deux sortes de buts. Le premier tient à l'absolu non-sens
de l'être écrivain, c'est alors un but qu'on peut appeler hédoniste, ou
méta-historique ou métaphysique, ou absurde, comme vous voulez, et je
dirais qu'il s'accomplit sous le signe de la grâce, il est
charismatique.
Il y a une autre catégorie de buts, ceux qu'on se propose comme citoyen, plus que comme écrivain. Et alors entrent ici en jeu les idées lourdes d'engagement. Entre les deux catégories de buts, à présent j'hésite, je crois qu'en réalité ils se compénètrent...
Il y a une autre catégorie de buts, ceux qu'on se propose comme citoyen, plus que comme écrivain. Et alors entrent ici en jeu les idées lourdes d'engagement. Entre les deux catégories de buts, à présent j'hésite, je crois qu'en réalité ils se compénètrent...
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