Armand Monjo 1913 - 1998
"La
loi
c'est qu'il faut vivre à corps heureux."
c'est qu'il faut vivre à corps heureux."
Les Battants
Ils savent tout ils veulent tout
Ils vous connaissent mieux que vous :
ils commandent à vos miroirs
Sous leurs verres carrés de minitels
ils ont l'oeil et le bon
sur le défaut de la cuirasse,
sur le faux pas, la pustule, le tic.
Ils ont la meilleure boussole
et mettent le cap sur la chance
La nuit ils ne rêvent qu'à eux
et le matin ils récupèrent
leur front dur et leur sac de peau.
Ils tiennent registre de tout,
de l'utile et de l'inutile.
Ils traquent l'imprévu
à la preuve d'échec
Ils ont des stocks inconsommables
de choses rares, chères, bien rangées.
Ils ont tout ce qu'il faut
pour ne pas vivre.
in En avant la poézique
POESIE
De la poésie
on n'a que la graine
Il faut du temps
de la terre et des larmes
Que la poésie soit
(comme on dit) communication
mais pas seulement
entre le poète et lui-même
La poésie moderne
date-t-elle
du fameux Mal d' Aurore
POETE
Que de poètes sont morts
de tous les mots
qu'ils n'ont pas pu prononcer
in Dires Brefs
http://www.printempsdespoetes.com/index.php?url=poetheque/poetes_fiche.php&cle=464
LE VOL DE LA COLOMBE
(Fragment)
Sur chaque espoir déçu
Sur chaque vie brisée
Sur la colère tue
Sur la rage rentrée
Sur le baiser reçu
Sur le baiser donné
Sur chaque enfant conçu
Sur l’amour menacé
Sur le voile de deuil
Sur la joie de l’enfant
Sur la clarté de l’œil
Sur le ventre vivant
S’inquiète une colombe...
extrait de "C'était hier et c'est demain", éd. Seghers, 2004
http://ecrits-vains.com/recueils/monjo.html
"Nous
savons
déjà que demain matin chaque flaque sera soleil
ébouriffé,
que le soir, l'orage oublié,
il suffira d'une fenêtre ouverte pour tenir la lune
dans le creux de la main
(comme un fruit vert)."
déjà que demain matin chaque flaque sera soleil
ébouriffé,
que le soir, l'orage oublié,
il suffira d'une fenêtre ouverte pour tenir la lune
dans le creux de la main
(comme un fruit vert)."
"Dans
l'air embrasé,
des souvenirs de nous vibraient vers le haut,
plus étroitement enlacés qu'
ipomée
ou
volubis.
(...)
Mais dans ce coin du jardin
où ne pénètre jamais le soleil,
l'ombre du tilleul abritait toujours l'interrogation
humide
des fougères ..."
des souvenirs de nous vibraient vers le haut,
plus étroitement enlacés qu'
ipomée
ou
volubis.
(...)
Mais dans ce coin du jardin
où ne pénètre jamais le soleil,
l'ombre du tilleul abritait toujours l'interrogation
humide
des fougères ..."
"Cette
trop longue canicule nous épuise.
Malgré mes arrosages, les fleurs sont pressées de vieillir ...
Dans la campagne,
l'herbe trop sèche explose en sauterelles.
(...)
Mais
on sent quelque part que les dés sont jetés.
Et le coeur n'y est plus ...
La fêlure de l'air est en nous ..."
" Le
feu de bois craque, ronchon.Malgré mes arrosages, les fleurs sont pressées de vieillir ...
Dans la campagne,
l'herbe trop sèche explose en sauterelles.
(...)
Mais
on sent quelque part que les dés sont jetés.
Et le coeur n'y est plus ...
La fêlure de l'air est en nous ..."
Le chat, cercle parfait,
épouse son coussin,
lové dans son secret.
Il sait que je t'écris ;
il lève la tête,
nous nous regardons en silence :
nous pensons que bientôt, dans la maison vide,
la pendule
va s'arrêter."
Mais tout en définitive se résume en cette phrase splendide :
"La
loi
c'est qu'il faut vivre à corps heureux."
c'est qu'il faut vivre à corps heureux."
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