Béatrice Douvre 1967 - 1994
http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2011/09/b%C3%A9atrice-douvre-linvisible-est-un-miracle.html
Le heurt
Tu marchais
Parcourant la trace de la terre
Où bruit l’obscur et l’incertaine qui repose
Voici
L’herbe enclave
A cette pierre
Ô fausse clarté de l’ascendance
Don lumineux des pierres agissantes
Dans quel achèvement
Ne plus saisir
Herbe franchie
C’est un lieu de pierre nu
Quelle trace y sais-tu
Où les plaies sont larges dans la lueur
Tu marchais
La terre en perte rouge
Attarde au dernier lieu sa dernière lueur
Sur cette terre à gravir
Ivre
Improbable
Où tu riais
Par le gré incertain des sables
In Voix d’une autre année, 1986-1988, in Œuvre poétique, peintures et dessins, préface de Philippe Jaccottet, Voix d’Encre, 2000, p. 14.
*
L'outrepassante
À René Char
Habiter la halte brèveLa rive avant la traversée
La distance fascinée qui saigne
Et la pierre verte à l'anse des ponts
Dans la nuit sans fin du splendide amour
Porter sur l'ombre et la détruire
Nos voix de lave soudain belliqueuses
L'amont tremblé de nos tenailles
Il y a loin au ruisseau
Un seuil gelé qui brille
Un nid de pierres sur les tables
Et le pain rouge du marteau
La terre
Après la terre honora nos fureurs
Ô ses éclats de lampes brèves
Midis
Martelés de nos hâtes
ibid, p.26
*
Le corps grandi
Renoncement nocturne Ô fête
De ce qui fut la beauté
D'une maison des corps désencombrés
Adieu aux cercles de la grâce
Qui entrouvraient tes yeux dans la lumière cave
Adieu maintenant comme une aile, j'ai un corps
Aux clartés des limites humaines et chaleureuses
Et retour et je suis parmi vous les vivants
Vos sommeils aux bras longs m'accueillent pour revivre
Moins de nuage cette nuit, moins de vent
je suis dans la passion dont l'âge m'abandonne
C'est dans l'âge plus haut d'un autre qu'a grandi
La beauté maintenant où s'attarde mon corps.
ibid, p.188
*
Le jardin
Arrête-toi au fond de ce jardinPour l’air et pour le peu de roses
Arrête-toi, je te rejoins
Tu es plus belle que mon attente
Plus terrible encore quand le temps cesse
Car tu as cessé de vivre dans le temps
Mémoire
Poussant le grillage de fer
Pas à pas sur les terres humides
De la rosée plus que le jour
Je te rejoins
Il n’y a plus personne dans ce jardin
Les quelques pas avaient gravé la terre
C’était mon pas
Ô disparue derrière les ronces.
Poème isolé, écrit en 1989 et 1993, publié par la revue Linea, n° 4, été 2005, p. 14
Bibliographie
- Œuvres © Voix d'encre, 2000
- Dossier Béatrice Douvre, Revue Linéa n°5, été 2005
http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9atrice_Douvre
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