Charles Dobzynski 1929 - 2014


http://www.le-capital-des-mots.fr/search/Dobzynski/

http://www.enviedecrire.com/rencontre-avec-charles-dobzynski/

http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2012/03/charles-dobzynski-po%C3%A8te-et-passeur.html

L'infini

Qu'est-ce qu'un corps sans séduction
sinon ce que révèle
une âme sans adduction ?
Quelque part en lui Dieu le sait
persiste un œil-de-bœuf
une embrasure à double branche
qui lui permet d'observer l'au-dedans
de survoler en deltaplane
les collines de l'inconscient
de faire signe au remuement obscur
À l'état de fatalité se substitue
l'état de solidarité
les choses viennent à la rescousse
des opérés de l'ombre
dont la blessure ouverte attend
une improbable cicatrice
peut-être une nappe phréatique
de songes non repérés
La chrysalide qui retient le fil de soie
inusable des commencements et des fins.

In Corps à réinventer - © Clepsydre/ La Différence, 2005, p.129


Une souris de Palestine
à l'exil voulant échapper,
creusait avec ses pattes fines
sous le territoire occupé.

Le haut mur qui barrait sa route
étranglait son pays étroit,
elle voulait, coûte que coûte,
se muer en cheval de Troie.

Un tunnel lui rendrait la vie,
elle forait toujours plus fort,
comme au ghetto de Varsovie
les Juifs qu'on vouait à la mort.

Elle creusait vers la lumière,
transperçant le mur implanté,
d'un trou pour rejoindre la terre
où chemine la liberté.

Charles DOBZYNSKI (Comme en poésie n°42)


1929 - 2014

http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20141002.OBS1022/charles-dobzynski-l-ecrivain-sans-papiers-est-mort.html


Poèmes

Interlude 1

Si tu es étudiant en Chine
tu seras tué
au printemps troué par les chars
si tu es Palestinien
tu seras tué
dans un entonnoir de Gaza
si tu es Juif
tu seras tué
par un truand qui te croit millionnaire
si tu es Russe
tu seras tué
pour avoir voulu enquêter
sur le massacre des Tchétchènes
si tu es nègre d’Afrique
tu seras tué
sous le trône d’un dictateur.
si tu es Coréen du Nord
tu seras tué
pour avoir fait de la bombe
ta propre tombe.

(Extrait de «La mort, à vif», L’Amourier, 2011)

Ballade du technicien de surface

Surtout ne pas perdre la face
Lorsqu’on est balayeur des rues,
Mieux vaut porter un nom couru :
On dit technicien de surface,
Quand le visage a disparu.
Je m’en vais parmi les poubelles,
C’est fou ce que jettent les gens
Que font-ils donc de leur argent ?
Pour survivre on se fait la belle
Vers les Indes des indigents.
Moi, chorégraphe du balai,
Je récolte les emballages,
Tout ce qui pollue les dallages,
La poussière y mène un ballet,
Mon manège c’est le ménage (…)

(Extrait de «Le Baladin de Paris», Le Temps des Cerises, 2012)

Chanson

Tant d’années fonte et giboulée
tant d’ornières par les étés
tant de parcours inachevés
tant d’aubes dans les sabliers
tant de regards dégoupillés
tant d’images dé-balisées
tant d’éboulis dans les baisers
tant de tendresse détressée
de foi meurtrie et piétinée
et pourtant nos jours accordés.
Tant d’hibernages dans nos traces
tant d’ombre restreignant l’espace
tant de raisons sous la menace
tant de masques grugeant nos faces
tant de souvenirs à la casse
tant de réel pris dans les nasses
tant de beauté défenestrée
tant de nuits trouant la surface
de mots inversés en crevasses
et pourtant nos jours accordés.

(Extrait de «J’ai failli la perdre», La Différence, 2010).

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